Alexandra Ana est docteure en science politique et sociologie de la Scuola Normale Superiore, où elle a soutenu sa thèse en 2019 sous la direction de Donatella della Porta et la co-direction de Lorenzo Mosca. Sa recherche doctorale, consacrée aux mouvements féministes comparés et aux dynamiques d’ONG-isation, a été publiée chez Palgrave en 2024. Elle y propose une analyse du processus d’ONG-isation en retraçant son développement et ses liens avec les modes et techniques de gouvernance néolibéraux. Les résultats de cette recherche mettent en lumière les dimensions d’institutionnalisation, de professionnalisation, de bureaucratisation et de précarisation au sein des mouvements sociaux, ainsi que les effets qui y sont associés, tels que la démobilisation, la dépolitisation ou encore la cooptation. L’étude replace ces dynamiques dans le cadre spécifique des relations entre l’État et le marché en contexte néolibéral, en identifiant à la fois les logiques transnationales communes et les différences contextuelles, ainsi que les tensions intra-mouvement, les contraintes et les possibilités de résistance.

Avant de rejoindre le Département de sociologie de l’Université de Montréal, elle a bénéficié d’une bourse postdoctorale Marie Sklodowska-Curie à l’Université libre de Bruxelles (ULB), au sein de l’Atelier Genre(s) et Sexualité(s). Elle y a mené le projet CORESIST, centré sur les formes de résistance aux mouvements et politiques anti-genre, dans une perspective comparée et décoloniale. Le projet interroge le rôle des coalitions dans le renforcement et/ou l’affaiblissement de la résistance à l’agenda anti-genre, tout en explorant les tensions et défis propres à la construction de coalitions, en accordant une attention particulière aux dimensions affectives et émotionnelles. Alexandra y adopte une approche comparative multi-niveaux (horizontale, verticale, transversale) à partir de deux cas contrastés : la France et la Roumanie. 

En 2023, elle a également obtenu une bourse postdoctorale du Fonds National de la Recherche Scientifique (FNRS)pour un projet intitulé « Strange bedfellows and unholy alliances: the role of coalitions in conservative movements », qui propose une étude comparative des coalitions dans les mouvements conservateurs au Royaume-Uni, en France et en Roumanie.

La même année, elle a participé à un projet de recherche collectif sur les campagnes anti-genre en Belgique et leurs prolongements aux niveaux international et européen. Ce projet a été commandité par l’Institut pour l’égalité des femmes et des hommes, l’institution fédérale belge chargée de promouvoir l’égalité de genre, et a été coordonné par David Paternotte.

À l’Université de Montréal, Alexandra étend ses recherches postdoctorales à l’analyse des mouvements anti-genre et des formes de résistance féministes et 2SLGBTQIA+ au Québec et au Canada anglophone. Cela lui permet de prolonger et d’actualiser ses travaux sur les coalitions, en développant une typologie plus fine de ces dernières, au-delà de l’opposition idéologique entre mouvements progressistes et conservateurs.

Sur le plan de l’enseignement, Alexandra a été Teaching Fellow à Sciences Po Paris entre 2018 et 2022, où elle a enseigné la sociologie du genre, la sociologie visuelle, urbaine et générale. Elle a également été assistante d’enseignement de Bruno Cousin à Sciences Po. Elle est intervenue en tant qu’enseignante invitée à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS), à Sciences Po, à l’Université libre de Bruxelles et à l’Université de Bucarest.

Elle a par ailleurs été chercheuse invitée à l’Université de Linköping (Suède), au sein du département TEMAG, où elle a bénéficié de l’encadrement de Madina Tlostanova sur les théories décoloniales, ainsi qu’au centre METICES(Migrations, Espaces, Travail, Institutions, Citoyenneté, Épistémologie, Santé) de l’ULB, sous la supervision de David Paternotte.

Enfin, elle a collaboré avec la Technische Universität Dresden dans le cadre d’un projet de recherche sur la place de l’émigration dans les débats politiques en Europe.

Ses recherches, à l’intersection de la sociologie politique, des études de genre et des approches décoloniales, se distinguent par une approche interdisciplinaire, comparative, multiniveaux et ancrée dans une perspective intersectionnelle.

Elle encadre actuellement des travaux portant sur les relations entre féminisme et néolibéralisme, la cooptation des luttes antiracistes dans le cadre néolibéral et leurs articulations avec l’extrême droite, ou encore le rôle de la mémoire collective dans les dynamiques de mobilisation.

Ana A. (2024). The NGO-ization of social mouvements in neoliberal times: Contemporary feminisms in Romania and Belgium (First Edition éd): Palgrave Macmillan. Repéré à https://link.springer.com/book/10.1007/978-3-031-45131-7

Ana A. (2024). Repenser les coalitions pour résister aux campagnes anti-genre. La Revue Nouvelle, (6). https://shs.cairn.info/revue-nouvelle-2024-6-page-64?lang=fr

Ana, A. (2023). Decolonizing feminism: the NGO-ization paradigm between the global circuits of neoliberal power and the politics of location. Feminist Critique, East European Journal of Feminist and Queer Studies. Repéré à https://feminist.krytyka.com/en/articles/decolonizing-feminism-ngo-ization-paradigm-between-global-circuits-neoliberal-power-and

Ana, A. (Ed.). (2023). Between a rock and a hard place: The NGOization of feminism and resistance to anti-gender politics [Special issue]. AnALize – Journal of Feminist Studies, 18(32) https://www.analize-journal.ro/issues/issue-no-18-32-2023/ 

Ana, A. (2023). Activist burnout in times of NGO-ization: comparing feminist mouvements in Gelium and Romania. Analize: Journal of Gender & Feminist Studies, 18(32). Repéré à https://www.analize-journal.ro/wp-content/uploads/AnaLize-No.-18-2023-Article-ALEXANDRA-ANA.pdf

Ana A. (2022). Feminist movements in Central and Eastern Europe. Dans Snow D.A., Della Porta D., Klandermans B., McAdam D. (Dir.) Wiley Blackwell Encyclopaedia of Social and Political Movements. Wiley-Blackwell. 

Ana A. (2020). Hope as Master Frame in Feminist Mobilization: Between liberal NGO-ization and radical-intersectional street politics. Dans Ov Cristian Norocel, Anders Hellström, Martin Bak Jørgensen (Dir.), Hope and Nostalgia at the Intersection between Welfare and Culture (p. 185-202). Springer Open. Repéré à https://www.springer.com/gp/book/9783030416935#aboutBook

Ana A. (2020). La routinisation de l’action collective et ses conséquences pour le movement féministe. Dans Pauline Delage and Fanny Gallot (Dir.), Avec l'égalité? Les féminismes dans le monde (p. 149-156). Éditions Textuel. Repéré à https://www.editionstextuel.com/livre/feminismes_dans_le_monde

Ana, A. (2018). Precarious locations: feminist co-optation and strategies of resistance in the neoliberal age. Praktyka Teoretyczna 4(30), 141-167.

Ana, A. (2017). The role of the feminist movement participation during the winter 2012 mobilisations in Romania. Europe-Asia Studies, 69(9), 1473-1498. Repéré à https://www.jstor.org/stable/26593981