Pouvez-vous résumer vos sujets de recherche en quelques mots ?
Ma recherche doctorale portait sur les deuils et traumatismes psychiques chez les enfants de la guerre. Depuis, mes recherches visent une meilleure compréhension de l’influence des deuils et des traumas pré, péri et post-migratoires sur l’adaptation scolaire et sur les apprentissages scolaires des élèves immigrants et s’inscrivent dans une approche systémique, transculturelle et psychodynamique.
Mon but est de cerner les pratiques éducatives susceptibles de favoriser le bien-être psychologique et la réussite scolaire des élèves immigrants et d’en développer de nouvelles. Mes recherches ont abouti à la production de deux guides adressés aux acteurs scolaires : l’un sur les groupes de parole et l’autre sur l’accompagnement psychosocial en milieu scolaire. Actuellement, je mène avec mon équipe une recherche qui vise l’évaluation des besoins psycho-sociaux des familles nouvellement arrivées au Québec (MIFI, 2019-2020) et une autre qui étudie le parcours post-migratoire des élèves réfugiés et demandeurs d’asile arrivés au Québec entre 2015 et 2018 (CRSH Développement de partenariat, 2019-2022).
Quelle a été la première demande de financement que vous avez obtenu à titre de chercheur principal ? Avez-vous connu beaucoup d'échecs avant de l'obtenir ?
Le premier financement que j’ai obtenu est un CRSH Développement Savoir (2012-2014) pour une subvention sur l’influence des deuils et des traumas pré, péri et post-migratoires sur l’adaptation et les apprentissages scolaires des élèves immigrants. C’était ma première demande de financement, je n’ai donc pas connu d’échec avant.
Vous estimez votre taux de succès à ? (ndlr: nombre de demandes financées par rapport au nombre de demandes soumises)
Mon taux de succès est de 100% en tant que chercheure principale. Après mon CRSH Développement savoir, j’ai obtenu un CRSH Savoir (2015-2019), un CRSH Subvention spéciale (2016-2017), un CRSH Engagement partenarial (2017-2018), un CRSH Développement de partenariat (2019-2022) et un FRQSC Soutien aux équipes de recherche (2019-2023).
Quelle subvention a été un tournant et a propulsé votre carrière ?
La troisième menée au Québec dont le sujet était de favoriser l’intégration sociale et scolaire des élèves réfugiés en développant leur bien-être psychologique et leur sentiment d’appartenance à l’école (CRSH Subvention spéciale ; 2016-2017). Cette recherche-action s’adressait directement aux écoles primaires et secondaires accueillant des jeunes élèves considérés vulnérables et ayant vécu potentiellement des deuils et des traumatismes pré et péri-migratoires. Elle est venue proposer une action ciblée visant le développement du bien-être des jeunes réfugiés ainsi que de leur sentiment d’appartenance à l’école. Elle m’a permis de documenter la mise en place de deux activités en contexte scolaire (Les groupe de parole et l’accompagnement psychosocial), de répondre à un besoin urgent des écoles, de produire deux guides pour les acteurs scolaires et de dégager indirectement les éléments favorisant et défavorisant l’expérience scolaire de ces jeunes dans les écoles québécoises.
Les communications scientifiques (5, 3 au QC, 1 au CA et 1 en France), les publications (2 articles scientifiques, 1 chapitre de livre et 2 guides) ont été un tremplin pour de multiples collaborations et la conception des autres projets de recherche.
Quels conseils donneriez-vous aux jeunes chercheurs pour obtenir du financement ?
Il est important de cibler des sujets novateurs ayant une grande pertinence sociale et scientifique, de collaborer avec les milieux de pratiques et d’autres chercheurs et de concevoir des recherches ayant des retombées importantes pour les milieux de pratiques.
Lorsque l’on rédige des demandes de subvention, elles doivent être claires, précises et accessibles avec une ligne directrice cohérente et une méthodologie adéquate et faisable.
Il est également important de prévoir un budget réaliste, détaillé et justifié. Enfin, toujours dans les demandes, il est important de mettre en relief les liens entre les diverses recherches menées et la construction et la production du savoir.
Merci à la professeure Garine Papazian-Zohrabian d'avoir répondu à nos questions. Pour plus d'informations sur ces entrevues ou pour y participer, contacter Jane Gonçalves, conseillère à la recherche du secteur Sciences humaines et sociales du BRDV