Pouvez-vous résumer vos sujets de recherche en quelques mots?
Mes projets de recherche portent sur les enfants agressés sexuellement et comportent deux volets principaux. Un premier volet de recherche consiste à mieux comprendre qui sont les mères et les pères des enfants agressés sexuellement, à déterminer l'impact que le dévoilement de cette agression a sur eux, ainsi que leur capacité à soutenir leur enfant. Un deuxième volet porte sur l'entrevue d’enquête auprès des enfants soupçonnés d'avoir vécu une agression sexuelle. Ces recherches visent à vérifier l'efficacité du protocole du National Institute of Child Health and Human Development (NICHD), d'une part, à réduire les comportements suggestifs et directifs des interviewers (afin de préserver l'intégrité du processus de l'évaluation) et, d'autre part, à augmenter la crédibilité du témoignage de l'enfant par la qualité et la quantité des détails donnés relatifs à l'agression sexuelle. Ces études ont également pour objectif d'augmenter nos connaissances sur les facteurs personnels de l'enfant et les facteurs familiaux pouvant influencer son témoignage tout comme ceux liés à l’enquêteur (p. ex., personnalité, soutien) et au contexte de l’entrevue (p. ex., utilisation du dessin, chien de soutien).
Quelle a été la première demande de financement que vous avez obtenu à titre de chercheure principale? Avez-vous connu beaucoup d'échecs avant de l'obtenir?
La première demande de subvention que j’ai soumise au Conseil québécois de la recherche sociale (avant l’actuel FRQSC) portait sur la validation d’instruments de mesure pour déterminer les besoins de santé mentale, les habiletés de vie et d’adaptation des personnes souffrant de troubles mentaux graves. S’inscrivant dans le contexte de la large désinstitutionnalisation de ces personnes, il était urgent d’avoir de bons outils pour cerner leurs besoins et équiper les équipes cliniques dans leur suivi de ces personnes au sein de la communauté. J’ai obtenu cette subvention lors de la première soumission, il faut dire qu’à cette époque, les taux de succès auprès des organismes subventionnaires étaient supérieurs à ce que l’on observe de nos jours. Cette demande comportait toutefois des éléments importants de succès qui prévalent encore aujourd’hui soit une équipe de trois chercheurs (psychologue, psychiatre) bien implantés dans des milieux hospitaliers dédiés à la santé mentale.
Vous estimez votre taux de succès à ? (ndlr: nombre de demandes financées par rapport au nombre de demandes soumises)
Je dirais que je n’ai jamais laissé tomber un projet de recherche que j’ai soumis. Ainsi, si dans les premières années de ma carrière, les taux de succès étaient élevés, j’ai toujours persévéré avec un projet qui avait été recommandé mais non financé ou non retenu. En tenant compte des rétroactions reçues, après 2 ou 3 soumissions, la demande était financée.
Quelle subvention a été un tournant et a propulsé votre carrière?
Comme j’ai changé de thématiques de recherche en cours de carrière, passant des troubles mentaux graves à la question des agressions sexuelles envers les enfants, je dirais que c’est le cumul des subventions qui a été déterminant plutôt qu’une subvention en particulier. Dans les dernières années, le fait d’être cotitulaire d’une chaire de recherche a sûrement ajouté à la crédibilité des recherches et surtout des partenariats avec les milieux que je pouvais établir pour réaliser les études.
Quels conseils donneriez-vous aux jeunes chercheurs pour obtenir du financement?
Débuter plusieurs mois à l’avance la rédaction de leur demande pour avoir le temps de bien la structurer et surtout de la faire relire par des collègues qui connaissent bien le domaine, mais aussi par des collègues qui n’en sont pas experts. Comme les comités font appel à des experts externes, mais sont aussi composés de personnes qui n’ont pas une expertise pointue du domaine, il est important que la demande soit convaincante pour ces types de lecteurs. Utiliser aussi les ressources mises à la disposition par l’université pour avoir des commentaires sur la demande. Et surtout ne pas abandonner et resoumettre à nouveau !
Nous remercions infiniment Madame Cyr d’avoir pris le temps de partager son expérience.
Merci à la professeure Mireille Cyr d'avoir répondu à nos questions. Pour plus d'informations sur ces entrevues ou pour y participer, contacter Jane Gonçalves, conseillère à la recherche du secteur Sciences humaines et sociales du BRDV