L’atteinte de la couverture sanitaire universelle est la pierre angulaire du Programme de Développement Mondial dans le domaine de la santé. Instituée dans la foulée des objectifs du développement durable en 2015, cette stratégie a pour objectif d’améliorer l’accès équitable aux services de santé et d’augmenter leur qualité, tout en minimisant le risque financier pour les individus. Alors que plusieurs interventions sont actuellement déployées pour atteindre la couverture sanitaire universelle, leur efficacité pratique (dans des conditions réelles d’implantation) reste à démontrer. En particulier, les effets sur l’utilisation des services et les indicateurs de santé ont rarement été étudiés par des devis d’évaluation rigoureux. La recherche que nous projetons a pour intention de produire des preuves scientifiques sur l’efficacité pratique de deux interventions particulières, la première consistant en l’introduction de la gratuité des soins pour les mères et les enfants au Burkina Faso et la seconde en l’implantation de centres de santé primaires universitaires au Mali. Ces interventions horizontales sont innovantes en vue d’augmenter la couverture universelle, car elles veillent spécifiquement à renforcer les systèmes de santé, plutôt que de déployer des actions verticales ciblant des conditions particulières. Les deux interventions sont contrastées, puisque la première agit principalement sur la barrière monétaire en réduisant les coûts, tandis que la seconde agit sur la barrière expérientielle en améliorant la qualité des services. Les objectifs premiers de cette étude sont de mesurer, auprès des populations cibles, les effets respectifs de ces interventions sur : (1) la qualité – y compris la qualité perçue – des soins ; (2) l’utilisation des services de santé ; (3) les indicateurs de santé maternelle, néonatale et infantile. L’objectif secondaire est de comprendre les mécanismes enclenchés par les deux interventions auprès des personnes soignantes et des ménages afin de produire les effets. Cette étude aura donc recours à des méthodes mixtes dans une séquence explicative (quantitatif –> qualitatif). Les données primaires colligées proviendront de différentes sources, notamment d’enquêtes populationnelles réalisées auprès d’un échantillon de la population, des registres de consultation et d’approvisionnement en médicaments dans les centres de santé, d’entrevues semi-ouvertes avec du personnel sanitaire, des partenaires et des membres des communautés. L’évaluation quantitative des effets reposera sur plusieurs devis quasi-expérimentaux robustes, soit des comparaisons pré-post (avec groupe contrôle) et des séries chronologiques interrompues (avec groupe contrôle). Les analyses combineront différentes approches afin de limiter le risque de biais de sélection et d’augmenter le caractère attribuable des effets aux interventions : réplication théorique et littérale, régression multiple, différence-de-différences, modèles par équations structurales et modèles de sélection endogène.

Afin de freiner l’épidémie de COVID19, des campagnes de vaccination et de prévention de la maladie (notamment du paludisme) sont temporairement interrompues dans plusieurs pays d’Afrique sub-saharienne, notamment au Burkina Faso. En parallèle, la peur de contracter la maladie et les mesures de confinement mises en place pourraient contribuer à désorganiser les services et à diminuer tant l’offre que la demande des services de santé maternelle et infantile. Tirant profit d’une enquête de base déjà réalisée, ce projet vise à évaluer quels seront les effets de la pandémie auprès des populations rurales du Burkina Faso. Trois indicateurs de santé maternelle et infantile seront examinés : la couverture vaccinale, la prise d’une chimio-prophylaxie saisonnière du paludisme par les enfants et l’utilisation des services de santé reproductive par les femmes enceintes.

Évaluation des effets de la politique nationale de gratuité des soins de santé sur les indicateurs de santé maternelle et infantile au Burkina Faso